Petite ballade!

[mon roiiiii! Pas de chance, je vous ai entendu ]

Demetra, une fois que la fleur qu'elle avait dans les mains n'avait plus de pétales, en cueilla une autre et lui fit subir le même traitement. Elle tombait toujours sur "à la folie", naturellement. Et elle recommença ainsi jusqu'à ce qu'un bruit lui fit lever la tête. S'arrêtant de parler, l'oreille aux aguets, la jeune femme se demanda si c'était quelqu'un qui venait ou si ce n'était que le vent dans les feuilles. Elle haussa les épaules mais un nouveau bruit se fit entendre. Ni une ni deux, la voilà sur ses pieds!

Doucement, Demetra se dirigea vers le bruit qu'elle venait d'entendre. Ecartant les branche d'un saule pleureur, elle put appercevoir... Mais qui? Mais bien sûr, le Roi Arthur! Mais lui semblait ne pas l'avoir vu ou alors... Il la fuyait? Impossible, le roi ne pouvait pas la fuir comme la peste! La Reine, à la rigueur mais pas Elle!!!! Bon faisons comme si de rien n'était.

Bonjour mon Roi... lança-t-elle d'une voix mielleuse.

Pas de bol, il était repéré ! Il n'y avait donc jamais moyen de se retrouver seul et tranquille dans ce château ? Arthur se retourna et chercha un moyen un peu désespéré de se sauver discrètement.
- Demetra ! Je croyais que vous étiez en train de méditer et je ne voulais pas vous déranger. Qu'est-ce que vous faites de beau ?
En réalité, il voyait parfaitement ce qu'elle était en train de faire : rien, comme d'habitude, elle rêvassait et cherchait de nouveaux moyens de se prouver à elle-même qu'elle serait reine très bientôt.

- Ah ben, dites donc, je suis drôlement content de vous voir !
Bon, là, il allait falloir qu'il trouve un sujet de conversation, sinon, elle allait tirer la tronche et lui demander ensuite de parler pendant des heures. Est-ce que personne ne pouvait comprendre qu'il en avait parfois marre de parler, d'expliquer tout encore et encore ?
- Qu'est-ce que vous faisiez de beau ici ?
Evidemment, c'était complètement nul mais il savait très bien qu'il ne lui fallait pas grand chose pour démarrer. Finalement, il commençait à regretter la salle des doléances, si seulement quelqu'un pouvait avoir la bonne idée de venir le chercher !

Il savait avant même de commencer qu'elle allait la gonfler très vite, et il avait vu juste, c'était déjà le cas.
- Mais si, je vous écoute ! Seulement, vous seriez bien gentille de vous dire que je n'ai pas que ça à faire, et si vous avez des heures à perdre à massacrer les fleurs, vous avez bien de la chance ! Moi, je sors de la salle de doléances où je dois écouter, et j'arrive dans le jardin où je dois encore écouter !
Il souffla un grand coup et serra les poings. C'était pas la peine de se défouler sur elle, ça ne donnerait rien de toute façon, mais il était à cran. Il grommela
- Oui, bon, oubliez... Alors comment va ?

Et voilà, c'était parti ! Il en avait marre des bonnes femmes : impossible d'avoir une conversation qui tienne debout avec l'une d'entre elles. Et en plus, si celle-là commençait à lui faire la gueule, qui sait comment elle allait le lui faire payer. Il était bien obligé de rattraper le coup, sans quoi, il allait devoir passer toute la semaine à dormir avec la reine.
Il alla donc s'asseoir à côté d'elle sur le banc et lui prit la main.
- Mais ne vous fâchez pas comme ça, vous savez bien que les séances de doléances me foutent toujours en rogne. Je compte justement sur vous pour me changer les idées et égayer ma journée... Alors bon, je gueule, mais faut pas le prendre à titre personnel !

Bon, ben déjà elle était calmée, l'essentiel était fait, mais le nouveau sujet n'allait sans doute pas vraiment arranger les choses.
- Ah ben non, ce soir, c'est pas possible, vous savez bien que je dors avec la Reine, c'était prévu comme ça. Et vous savez bien que si on lui change ses habitudes, elle fait sa crise.
Il se retourna vers Demetra qui lui massait les épaules en lui adressant un sourire faussement désolé. Il n'allait pas rajouter qu'en plus, il avait grandement besoin de dormir. Il espérait déjà que son épouse n'allait pas vouloir démarrer une conversation sur ses petits problèmes, maintenant, il fallait aussi faire passer la nouvelle à sa maîtresse.

- Oh non, mais franchement, vous savez bien que je m'en passerai volontiers, mais en ce moment, elle a des angoisses nocturnes. Je sais pas ce qui lui fait encore peur, mais bon, comme d'habitude, elle va me faire une vraie crise si je change mes plans. Et pour ce qui est des crises, merci, mais j'ai eu mon compte !
Ce qu'il n'avouait pas franchement, c'est qu'il était complètement crévé et qu'il avait plutôt envie de dormir que d'autre chose...
- Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai du boulot à faire moi ! Je vous laisse à vos fleurs.
Il se leva, attendant de voir si elle allait lui lâcher la grappe ou essayer de marchander encore et toujours...

- Ah non, je vais pas me taper les crises à répétition de toutes mes bonnes femmes. J'ai du travail je vous dis ! Alors, si, j'apprécie beaucoup votre compagnie, mais malheureusement, certaines personnes dans ce château ont du boulot... autre que d'effeuiller les fleurs.
Finalement, il pouvait gueuler puisque quoi qu'il fasse, elle le prendrait mal. Ca en devenait presque un avantage, maintenant qu'elle savait qu'il ne serait pas en sa compagnie cette nuit, elle allait bouder de toute façon, alors autant lui donner une bonne raison de le faire.
Il retourna donc dans le château sans même se retourner.